Comme expliqué précédemment dans notre article « Vaccination des femmes enceintes, faites votre avis », le ministère des Solidarités et de la Santé propose une série de vidéos sur le sujet de la vaccination des femmes enceintes, présentées par le professeur Alain Fischer (coordinateur de la stratégie vaccinale contre la Covid-19). Dans une de ces vidéos, le Pr. Alain Fischer s’appuie sur une étude de la vaccination des femmes enceintes (30 000 femmes enceintes) démontrant les risques encourus comme étant mineurs – sans pour autant donner le nom de cette étude ou un lien pour y accéder.
Après avoir enquêté sur le sujet, nous pensons que l’étude dont parle le Pr Fischer s’intitule « Preliminary Findings of mRNA Covid-19 Vaccine Safety in Pregnant Persons ». Cette étude comporte de nombreux biais et de nombreuses limites, et ne peut certainement pas être utilisée comme preuve que la vaccination des femmes enceintes est anodine.
On vous explique pourquoi il faudrait lire et comprendre ces biais avant de signer votre consentement.

Non, 30 000 grossesses n’ont pas été analysées
Le Pr Alain Fischer laisse entendre que les chercheurs de l’étude qu’il cite ont analysé l’impact de la vaccination sur plus de 30 000 grossesses, ce qui est faux.
Aux Etats-Unis, toute personne vaccinée a la possibilité de participer au système de surveillance “v-safe after vaccination health checker”, en remplissant un questionnaire sur les possibles effets secondaires de leur vaccination contre la Covid-19 (ex : toux, douleurs à l’endroit de l’injection, fièvre etc.). L’étude citée ci-dessus par le Pr. Fischer se base entre autres sur les données récoltées grâce à ce système de surveillance entre décembre 2020 et février 2021 (donc avant le variant Omicron). Cependant, même si 35 691 femmes enceintes ont effectivement participé au programme de surveillance ‘v-safe’, les seules questions auxquelles elles ont répondu concernait leur état de santé personnel à la suite de la vaccination, et non celui du fœtus. En réalité, seulement 2% de ces 35 691 femmes (soit 827 femmes) ont fait l’objet d’une analyse concernant les potentiels effets secondaires du vaccin sur le fœtus.
Cette étude ne peut donc pas servir de preuve d’absence d’effets secondaires du vaccin sur les femmes enceintes et leur fœtus puisqu’un nombre insuffisant de grossesses (827) a été analysé.
Manque d’inclusion dans l’ étude vaccination des femmes enceintes
Bien que l’étude explique que les 35 691 femmes ayant répondu au questionnaire V-safe ont entre 16 et 54 ans, la majorité des 35 691 participantes a en réalité entre 25 et 34 ans (61%). Sachant que la grossesse de femmes de plus de 40 ans peut être considérée comme étant à risque, ne serait-il pas judicieux d’effectuer une étude spécifiquement sur cette tranche d’âge ?
Pour démontrer ce point, voici plusieurs sources :
https://academic.oup.com/humrep/article/15/11/2433/635079?login=false
https://academic.oup.com/humupd/article/4/2/185/727649?login=true
https://europepmc.org/article/med/22622192
https://bmcpregnancychildbirth.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12884-019-2239-1
Cette étude ne peut donc pas être utilisée comme preuve solide de l’absence d’effets secondaires sur les grossesses de femmes enceintes plus âgées.
Non, le risque de fausse couche n’est pas similaire à celui observé en population générale
L’étude vaccination des femmes enceintes cite un chiffre de 12,6% de fausses couches parmi les 827 grossesses analysées, ce qui ne paraît pas choquant puisque la norme est de 10 à 15% en population générale. Cependant, ce chiffre peut être considéré comme trompeur.
Le chiffre de 12,6% a été calculé en rapportant le nombre de fausses couches sur le nombre de femmes vaccinées. Cependant, la majorité de ces femmes (700) ont été vaccinées au troisième trimestre. Or, une fausse couche advient soit au premier trimestre de grossesse (majorité des cas) soit au second trimestre . Les femmes vaccinées au 3ème trimestre n’ont donc pas de risque de faire une fausse couche liée à la vaccination. Pour connaître l’impact de la vaccination sur la probabilité de faire une fausse couche, il faudrait rapporter le nombre de fausses couches sur le nombre de femmes vaccinées aux premier et second trimestres.
Dans une correspondance entre scientifiques, les auteurs eux-mêmes ont admis que le chiffre de 12,6% était faussé – il n’a cependant pas été retiré de l’étude…
Non, l’étude ne prouve pas l’absence de risque pour la santé du nourrisson
Les grossesses suivies ne le sont que jusqu’au 3ème mois de vie du nourrisson, et le suivi en lui-même est très limité. Comment peut-on déduire avec cette étude que le vaccin a peu d’impacts sur les femmes vaccinées, comme le fait le Pr Fischer, alors qu’il n’y a eu aucun suivi des nourrissons au-delà de 3 mois après leur naissance ? Comme l’a montré le scandale du Distilbène® ou de la Dépakine®, la prise de médicaments pendant la grossesse peut provoquer des effets secondaires plus tard dans la vie de l’enfant. Il est donc nécessaire de mener un suivi des enfants issus de femmes vaccinées sur le long terme pour affirmer si oui ou non la vaccination a des retombées négatives sur leur santé.
Le biais “déclaratif” du programme VAERS
L’étude analyse à la fois les programmes ‘V-safe’ – qui a été l’objet de l’article jusqu’à présent – et VAERS (Vaccine Adverse Event Reporting System). Ce dernier constitue un ‘système d’alerte précoce utilisé pour surveiller les événements indésirables qui se produisent après la vaccination’ aux Etats-Unis, qui fonctionne sur la base de déclaration des effets indésirables par les patientes, leur entourage ou les professionnels de santé. Il ne s’agit en aucun cas ici d’une étude de suivi d’une population vaccinée.
Comme le révèle l’étude, seules 221 femmes enceintes ont déclaré avoir eu des problèmes de santé à la suite de leur vaccination dans la base de données VAERS. Cependant, il est connu des autorités sanitaires que seulement 10% des effets secondaires sont généralement rapportés à VAERS. Le manque de signalement des évènements indésirables d’un médicament ou vaccin est plutôt logique : imaginez que vous êtes enceinte et décidez de faire le vaccin. Si une fausse couche intervient dans les 15 jours qui suivent l’injection, auriez-vous le réflexe de vous connecter et faire une déclaration à VAERS ?
Nombre de doses inconnues dans l’ étude vaccination femmes enceintes
Le nombre de doses injectées aux femmes enceintes est inconnu des auteurs, ce qui rajoute au manque de rigueur scientifique de l’étude.
En conclusion, peut-on légitimement s’interroger sur le sérieux de l’étude citée par le Pr Fischer pour assurer la sécurité des femmes enceintes et de leur enfant à naitre lors d’injection des vaccins Pfizer BioNTech ou Moderna pendant la grossesse ? Les auteurs de l’étude indiquent eux-mêmes que leurs données sont très insuffisantes, et comme nous avons pu le démontrer à travers cet article, elle comporte des biais et des limites.