FICHE REPERE EDUCATION A LA SEXUALITE

Aider les parents à s’impliquer dans la vigilance et la préparation des séances d’EAS

Depuis la rentrée des classes 2022 nous observons, à travers les témoignages de nombreux parents, que trop de cours d’éducation sexuelle dérivent vers des propos choquants pour les jeunes élèves. Il faut être conscient que les enfants peuvent être profondément « blessés » dans leur psychisme si la sexualité adulte est abordée avant qu’ils ne vivent leur propre puberté. Aussi, nous souhaitons vous partager, dans un premier temps, les textes qui réglementent ces cours. Ainsi vous pourrez exercer votre vigilance et intervenir rapidement si ceux-ci ne sont pas respectés par les animateurs de ces cours ou l’ensemble des enseignants.

Enfance et Libertés estime que ces cours devraient uniquement être dispensés aux enfants à partir de la 4°, car les élèves de l’école primaire comme beaucoup de ceux des classes de 6° ou de 5°, ne sont pas du tout prêts à aborder crument la sexualité adulte et encore moins ses dérives ! Ils ont besoin de respect sur ces sujets délicats qui touchent l’intime. Sachez aussi qu’ aucun cours d’éducation à la sexualité n’est à réaliser à l’école maternelle et heureusement ! Aussi veillez à ce que les enseignants respectent ces limites sur l’ensemble de leurs activités avec les petits.

En tant que parent n’hésitez pas à créer un vrai dialogue avec les enseignants et les intervenants, afin que chacun tienne compte de l’âge et des différences de maturité des enfants. Faute de quoi vous serez légitime pour demander la suspension de ces cours. Enfance et Libertés va continuer le dialogue avec vous sur ce thème qu’il est essentiel de bien gérer.

Savez-vous ce qui se dit en cours d’éducation à la sexualité ?

L’Education Nationale appuyée principalement sur la circulaire dite « Blanquer » du 12 septembre 2018, s’applique à mettre en œuvre dans le primaire et le secondaire des « séances d’éducation à la sexualité », à raison « d’au moins trois séances annuelles ».

Ainsi, au terme de sa scolarité, de six ans à dix-huit, chaque jeune adulte aura assisté à 36 heures d’éducation à la sexualité au moins, ce qui représente à peu près le nombre d’heures d’enseignement dispensées pour une matière pendant un semestre universitaire ! 
Vu l’amplitude (est-il besoin d’en faire tant ?) et la régularité de cette éducation touchant à l’intimité de ce jeune public, elle n’est pas exempte de risques psychologiques. Le ministère de l’Education Nationale a donc déclaré que des garanties et des précautions seraient mises en place pour sécuriser ces séances.

Nous invitons les parents à bien connaître ces engagements et à participer activement au respect du cadre de ces séances afin de vérifier si que ces engagements sont bien respectés et, s’ils ne le sont pas, à exiger la suspension des séances jusqu’à leur application. 
Ces engagements sont définis ainsi par la loi et par les recommandations de bonnes pratiques du ministère. 

Toutes les informations ci-dessous présentées sont extraites :

    • des articles L. 121-1 et L. 312-16 du Code de l’éducation

Les points de vigilance

Eléments organisationnels

Il n’est pas question de mélanger les âges au détriment des plus jeunes. Il est donc important de veiller à cette homogénéité dans les classes où plusieurs niveaux sont enseignés en même temps et au fait que les séances dispensées respectent l’âge mental et psychologiques des plus jeunes.

  • Il existe des formateurs académiques en éducation à la sexualité qui sont chargés de dispenser une formation d’au moins 3 jours sur le sujet. Les formateurs académiques sont également chargés « d’accompagner la mise en œuvre des projets » qui organisent ces séances.

Veiller à ce que les enseignants soient effectivement formés pour assurer ces séances.

  • « Ces séances peuvent être coanimées par des partenaires extérieurs institutionnels et associatifs. Ces intervenants doivent être formé, issus d’associations ayant reçu l’agrément national ou académique. Ces interventions doivent faire l’objet d’une préparation en amont avec les membres de l’équipe éducative et se dérouler en présence et sous la responsabilité d’un membre de cette équipe. » (Circulaire 2018).

Vérifier que les partenaires extérieurs sont dûment formés et agréés et que leurs interventions s’effectuent dans le cadre d’une réelle « coanimation » et sous la responsabilité d’un membre de l’équipe éducative.

  • « Intervenir en binôme comprenant un membre de l’équipe éducative et un intervenant extérieur ou deux membres de l’équipe éducative, tous formés à cet effet ; »

  • « Organiser des groupes à effectif réduit. »

S’assurer que ces conditions nécessaires soient bien remplies.

« Au collège et au lycée, les séances obligatoires sont inscrites dans l’horaire global annuel des élèves. Leur programmation, intégrée au projet d’établissement et présentée au conseil d’administration, est organisée par le comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement (CESCE). Cette programmation fait l’objet d’un débat au conseil de la vie collégienne et au conseil des délégués à la vie lycéenne. » (Fiche Eduscol)

Vérifier que les instances concernées ont bien été sollicitées et associées au projet.

Pour pouvoir s’impliquer dans ces instances et participer à la préparation du projet, il est indispensable d’être élu représentant des parents d’élèves en début d’année scolaire.

  • La participation des représentants de parents aux instances des établissements scolaires : conseil d’école, conseil d’administration, comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement ;

  • La diffusion d’informations tout au long de l’année sur les actions éducatives mises en œuvre ;

  • L’animation de l’espace parents, lieu dédié aux rencontres individuelles et collectives permettant de « faciliter la participation des familles, les échanges et la convivialité ». Il peut y être organisé des temps de rencontre sur toute thématique répondant aux préoccupations des familles. » (Fiche Eduscol) 

Ne pas hésiter à s’inscrire dans ces instances et ces espaces dédiés à la coopération entre parents et équipe éducative. 

>> Pousser les établissements à créer et faire vivre réellement ces espaces.

La fiche Eduscol précise que :

« À la suite des interventions, un bilan est réalisé :

– sur les aspects quantitatifs et qualitatifs ;

– sur les processus de mise en œuvre.

Une sensibilisation des parents peut être organisée en lien avec les représentants des parents d’élèves ou dans le cadre des « espaces parents ». »

Au-delà de la sensibilisation prévue, nous pensons que les bilans des séances d’éducation à la sexualité doivent être mis à disposition des parents avec un plan masse précis des objectifs, contenus et méthodes pédagogiques.

Mise en œuvre des séances

Déroulement

  • « L’éducation à la sexualité doit prendre la forme d’une invitation au dialogue et non d’un discours sur la sexualité ; » (Fiche Eduscol)

  • « À l’école élémentaire, à ce niveau d’âge, il ne s’agit pas d’une éducation explicite à la sexualité. » (Circulaire 2018)

  • « Au collège et au lycée, il s’agit d’apporter aux élèves des informations objectives et des connaissances scientifiques et de développer leur réflexion et leur esprit critique. Les échanges se font à partir de leurs représentations afin de leur permettre de développer une réflexion individuelle et collective et ainsi les conduire à s’approprier des valeurs humanistes. (Circulaire 2018)

 Vérifier et insister pour que les principes éthiques énoncés par la circulaire 2018 soient effectivement appliqués par les intervenants qui doivent “veiller à :

  • Mettre à distance leurs représentations et leur vécu ;
  • Instaurer et assurer dans le groupe un climat de confiance ;
  • Encourager les échanges et l’élaboration de réponses à partir des préoccupations des jeunes, en toute neutralité, sans imposer ses propres questions et réponses ;” 

Contenu

« En primaire, plusieurs thématiques peuvent constituer un objet d’étude, en prenant en compte l’âge des élèves. Par exemple :

  • L’étude et le respect du corps ;

  • Les différences morphologiques (homme, femme, garçon, fille) ;

  • La description et l’identification des changements du corps, particulièrement au moment de la puberté ;

  • La reproduction des êtres vivants ;

  • L’égalité entre les filles et les garçons ;

  • La prévention des violences sexistes et sexuelles. »

Se montrer très vigilant par rapport au contenu, notamment en primaire où les notions de pornographie, de genre et d’orientation sexuelle sont proscrites. Et veiller à ce que le thème « différences morphologiques (homme, femme, garçon, fille) » ne donne pas lieu à des dérapages.

La circulaire 2018 précise d’ailleurs que : « Cette éducation vise à la connaissance, au respect de soi, de son corps et au respect d’autrui, sans dimension sexuelle stricto sensu à l’école élémentaire (…) L‘enfance et l’intimité sont pleinement respectées. »

Remarque d’Enfance et Libertés : Il nous semble que ces séances d’éducation à la sexualité gagneraient à porter un autre nom, plus adaptée à la réalité des enfants de cet âge, comme : « atelier des sens, du corps et des émotions », « sensibilisation aux relations “amoureuses” »

« Au secondaire », on retrouve les mêmes thématiques, mais on y ajoute :

  • « Liberté, responsabilité et respect face aux choix personnels (réseaux sociaux, Internet, cyberharcèlement, pornographie, etc.), 

  • Valeurs et normes, impact des stéréotypes et rôles sexués, 

  • Prévention des violences sexistes et sexuelles, égalité filles-garçons, 

  • Contraception, prévention des grossesses précoces non désirées, IST et VIH-sida, 

  • Orientations sexuelles, 

  • Respect de son corps et de celui de l’autre, etc. »

Remarque d’Enfance et Libertés : Concernant le secondaire, il nous semble que certains thèmes très sensibles et porteurs d’idéologies en vogue comme « valeurs et normes, impact des stéréotypes et rôles sexués » ou « orientations sexuelles » sont par définition propices à des interrogations angoissantes ou troublantes pour les jeunes et ne devraient pas être abordées dans les premières classes du collège. Interroger les “rôles et stéréotypes de sexe” et les préjugés auxquels cela donne lieu est nécessaire, mais aborder l’orientation sexuelle peut néanmoins être prématuré et traumatisant selon l’âge mental des élèves.
Ce thème véhicule une confusion qui peut gravement poser problème à l’équilibre psycho affectif des élèves.
Il dépendra donc de votre capacité à vous faire entendre et à négocier avec les directions et avec les instances scolaires
pour que la mesure et la discrétion ainsi que le respect de la pudeur et de la sensibilité des jeunes soient réellement considérés !

Avertissement de la circulaire 2018 : « Les séances d’éducation à la sexualité peuvent cependant susciter chez certains élèves des questionnements d’ordre privé ou encore révéler des difficultés personnelles. Ceux-ci ne doivent pas être traités dans un cadre collectif mais relèvent d’une prise en compte individuelle de l’élève qui peut s’appuyer sur tout adulte de la communauté scolaire, et plus particulièrement sur les compétences spécifiques des personnels de santé et sociaux. »

S’assurer que ces questionnements et difficultés personnels sont pris en compte et que l’enfant est adressé aux personnes compétentes. Une rencontre avec les parents est nécessaire, car il est primordial de les informer et de les associer à toute démarche d’accompagnement.

Les Recours

La circulaire 2018 est comme beaucoup de textes produits par l’éducation nationale théoriquement très argumentée et crédible. Cependant, comme beaucoup de textes produits par l’éducation nationale, son application est beaucoup moins fiable et consciencieuse, pour diverses raisons structurelles et conjoncturelles hors de propos ici.
Par ailleurs, la circulaire et ses garanties et précautions participent à considérer le développement de l’enfant et l’accompagnement qu’il convient de lui offrir, d’une façon que nous ne partageons pas.
En effet, cette théorie voit l’enfant comme un adulte en miniature et son développement comme l’acquisition de compétences, ce qui est simpliste et totalement faux.

Donc quelques soient les bonnes ou moins bonnes conditions dans lesquelles se dérouleront les séances d’AES, il y aura toujours des enfants qui en sortiront mal à l’aise, choqués, voire profondément troublés, au moins dans les classes du primaire et du début du collège.
Nous vous recommandons de toujours être attentifs à l’état de votre enfant après ces séances d’EAS : le premier indicateur, c’est ce que nous raconte notre enfant, ou ce qu’il ne nous raconte pas… et ce qu’on observe : confusion, silence, embarras.
Dès lors, même s’il semble que les séances aient été “normalement” préparées et encadrées, prendre contact avec la maîtresse et les Representants des Parents d’Elèves et suivre la démarche proposée ci-dessous, en fonction des circonstances.

En cas de non-conformité aux principes et précautions que l’Education nationale s’impose à elle-même dans les textes précités, si vous observez de la confusion chez votre enfant, voici la démarche que nous vous proposons de suivre : 

  • Veiller à tenir un discours ouvert à l‘échange afin de favoriser le dialogue et la prise en compte de vos remarques.
  • Interroger sur les faits avant de rappeler les textes et obligations réglementaires

il est possible d’attendre la prochaine réunion des instances scolaires pour relever ce point ou d’en parler aux reprensentants des parents d’eleves qui feront le relais.

  • Commencer par solliciter un entretien, d’abord avec les intervenants et ensuite avec le directeur ou le chef d’établissement, afin de vous positionner et demander une modification des séances. Rappeler les éléments de droit, de méthodologie et d’éthique contenus dans la circulaire et les recommandations de bonne pratique.
    E
    n parler avec d’autres parents pour avoir leur avis et les informer si besoin.
  • Si vous n’obtenez pas gain de cause, écrire un courrier au chef d’établissement rappelant les faits, les manquements et votre précédent entretien, réitérer votre demande.

  • Sans réponse (envoyer une seconde lettre une semaine plus tard) ou sans réponse positive (déni, refus d’appliquer la loi ou les recommandations), écrire à la direction académique pour l’informer des faits et de votre démarche infructueuse auprès de la direction. Réitérer votre demande et adresser une copie du courrier au chef d’établissement.

  • Toujours sans réponse ou sans réponse favorable, adresser une lettre au médiateur de l’Education Nationale et au rectorat de votre académie, en recommandé avec les mêmes informations et les mêmes arguments.
    A partir de ce moment-là, si les faits sont graves, il convient de ne pas poursuivre la démarche seule, mais de
    constituer, si possible, un collectif de parents qui partagent votre point de vue et qui peut éventuellement se joindre à vous dans la signature de la lettre.
    Ce collectif pourra vous
    aider à faire pression sur le directeur pour qu’il fasse évoluer sa position.

    Souvenez-vous toujours que si les enseignants ne disent rien, ils ne sont pas forcément d’accord avec les choix pédagogiques de l’établissement. Ils ne seront pas forcément vos alliés directs, mais certains pourront vous soutenir dans votre vision du problème et des solutions et relayer votre point de vue en interne.

 

 

Si les faits ne sont pas de nature pénale, mais que vous trouvez que les séances d’éducation à la sexualité comportent trop de risques psychologiques ou sensibles pour votre enfant, refuser de l’y envoyer.

En effet, dans les textes légaux ces séances ne sont définies nulle part comme étant « obligatoires » pour les enfants. C’est seulement dans les recommandations du ministère qu’elles sont présentées ainsi (Fiches Eduscol). L’éducation nationale est tenue de les dispenser, mais il n’est pas avéré que les enfants doivent y assister.
L’article L312-16 du code de l’éducation (version en vigueur depuis le 26 août 2021, modifié par la loi n°2021-1109 du 24 août 2021 – art. 33) dispose :
« Une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogène. Ces séances présentent une vision égalitaire des relations entre les femmes et les hommes. Elles contribuent à l’apprentissage du respect dû au corps humain et sensibilisent aux violences sexistes ou sexuelles ainsi qu’aux mutilations sexuelles féminines. Elles peuvent associer les personnels contribuant à la mission de santé scolaire et des personnels des établissements mentionnés au premier alinéa de l’article L. 2212-4 du code de la santé publique ainsi que d’autres intervenants extérieurs conformément à l’article 9 du décret n° 85-924 du 30 août 1985 relatif aux établissements publics locaux d’enseignement. Des élèves formés par un organisme agréé par le ministère de la santé peuvent également y être associés. Un cours d’apprentissage sur les premiers gestes de secours est délivré aux élèves de collège et de lycée, selon des modalités définies par décret. »
C’est donc une question d’interprétation de la loi. En l’absence de jurisprudence, il est difficile d’être affirmatif, mais c’est une faille qu’il possible d’exploiter.

Si les faits peuvent relever du pénal, avertissez que vous êtes prêts à déposer plainte contre le ou les intervenants.

Nous n’irons pas plus avant sur cette piste du pénal, car elle est très difficile à suivre et comporte le risque de faire commettre au plaignant le délit de diffamation.

Article à venir

Un prochain article sur les enjeux sociaux des séances d’éducation à la sexualité et le contexte général et international d’hyper sexualisation des enfants dans lequel ces séances prennent place sans le vouloir, mais sans non plus s’en démarquer, paraîtra bientôt.

Il y sera examiné les risques de dérives extrêmes durant ces séances qui pourraient alors les rapprocher dangereusement des délits de corruption de mineur (article 227-22 du code pénal) et d’atteinte à l’intégrité morale des mineurs (article 227-24).

Gageons que ces risques sont de faible occurrence et associons-nous avec les enseignants, eux-mêmes souvent parents ou grands-parents pour faire en sorte que le projet d’éducation sexuelle à l’école reste sain, constructif et respectueux de l’innocence de l’enfance.